Interview: Paperjam.lu (Nicolas Léonard)
Paperjam.lu: Ministre de la Protection des consommateurs, c'est un énorme défi?
Paulette Lenert: Oui, car ce ministère n'existait pas en tant que tel. Le gouvernement envoie ici un message aux citoyens en donnant à la protection de la consommation une importance politique. Jusqu'à présent il y avait des compétences `consommation' réparties entre différents ressorts: Santé, Agriculture, Économie... Le grand défi va être de rassembler tout cela.
Paperjam.lu: C'est une tâche difficile?
Paulette Lenert: La consommation est une matière complexe. La réglementation européenne est volumineuse en la matière. J'ai encore travaillé très tard voilà peu, juste pour commencer à faire un inventaire.
Paperjam.lu: Quelle va être votre première priorité?
Paulette Lenert: L'acte de coalition est le fil rouge de mon action. Mais il y a deux dossiers de toute première importance. Le premier c'est assurer, dans un monde complexe, un véritable contrôle de la qualité pour les citoyens. J'ose dire qu'en la matière nous avons une obligation de résultat. La volonté du gouvernement est de centraliser, en un organisme, des unités de contrôle réparties actuellement en `silos', en différents secteurs. On veut les aligner pour optimiser leur efficacité.
Paperjam.lu: Le travail en ce sens a-t-il déjà débuté?
Paulette Lenert: J'ai en effet commencé à rencontrer les acteurs de terrain puisque la déclaration d'intention a été faite. Je vais les voir tous afin d'élaborer une orientation stratégique. Mon ambition est d'avoir fait le tour de tout le monde dans les trois mois. Pour avoir une trajectoire d'action définie pour l'été.
Paperjam.lu: Ce travail se fera avec l'implication d'autres ressorts?
Paulette Lenert: La Santé, l'Économie et l'Agriculture, notamment. Mais l'Union luxembourgeoise des consommateurs aussi, et d'autres.
Paperjam.lu: Quelle est votre seconde priorité?
Paulette Lenert: C'est travailler sur la sensibilisation. Il faut donner aux gens les informations dont ils ont besoin. Un consommateur averti pourra conditionner le marché. Mais pour cela, il faut le mettre dans les conditions de le faire. C'est le challenge de l'autorité publique qui peut mener les actions nécessaires. Cela passe aussi par l'éducation des jeunes. Nous sommes entrés, c'est évident, dans l'ère du consommateur-acteur.
Paperjam.lu: "Il faudra de l'engagement." C'est une mission qui semble vous séduire?
Paulette Lenert: Son champ d'action est en effet à vocation profondément sociale. Cela va aussi demander de l'engagement car rien ne tombera du ciel.
Paperjam.lu: Mais cette ambition vous fera sans doute mener des parties de bras de fer avec l'industrie?
Paulette Lenert: C'est une possibilité, je m'y attends.
Paperjam.lu: L'acte de coalition évoque aussi de revoir la loi sur l'étiquetage?
Paulette Lenert: C'est une des ambitions en effet. Mais il y a aussi les enjeux de la labellisation, de la lutte contre le gaspillage... Il faudra voir où se situe la ligne de partage, définir les équilibres.
Paperjam.lu : Vous êtes ministre, mais aussi un peu chef d'orchestre?
Paulette Lenert: Oui, c'est cela: chef d'orchestre. Et il y a beaucoup d'instruments.